La grève générale illimitée:
une solution efficace

Une grève générale illimitée (GGI), c’est, comme toute grève, un arrêt volontaire et collectif des moyens de production ayant pour objectif la défense des intérêts et la réalisation des revendications d’un groupe — par exemple, le fait, pour les stagiaires, de décider de cesser les activités reliées à leurs stages afin de revendiquer la rémunération de ces derniers et la reconnaissance de leur statut de travailleur.se. Une telle grève devient générale et illimitée lorsque la plupart des étudiant.es d’un campus, d’un programme ou d’une institution scolaire y participent, et ce, pour une durée qui n’est pas fixée à l’avance.

En ce qui concerne la campagne pour la rémunération de tous les stages, la GGI représente le moyen le plus efficace de réaliser la revendication des étudiant.es en ce qu’elle leur permet de renverser le rapport de force qui les opposent à l’État, notamment par le blocage d’une partie significative du système d’éducation et, surtout, par les implications économiques majeures de la grève des stages. En effet, la grève des stages implique le débrayage de milliers de stagiaires, qui cesseront ainsi de soutenir gratuitement les services publics et communautaires pour une durée illimitée. Cet arrêt de travail dans des centaines de milieux aura des impacts importants et immédiats qui forceront l’État à reconnaître la valeur du travail des stagiaires.

La décision d’entrer en GGI est prise lors d’une assemblée générale (AG) de grève, instance décisionnelle ouverte à tous.tes les étudiant.es membres d’une association étudiante. Cette décision n’est pas à prendre à la légère. Pour encourager la participation du plus grand nombre, un travail de mobilisation soutenu doit être effectué au préalable et la date de l’AG annoncée le plus tôt possible pour que les étudiant.es puissent faire les arrangements nécessaires afin de se libérer pour y participer. Une AG de grève est le lieu tout désigné pour partager les informations, poser des questions, aborder les inquiétudes, planifier des actions et discuter des stratégies et des revendications. Si une telle assemblée peut être longue, les échanges et les débats qui s’y tiennent sont nécessaires afin que tous.tes puissent prendre une décision éclairée.

« La grève des stages implique le débrayage de milliers de stagiaires, qui cesseront ainsi de soutenir gratuitement les services publics et communautaires pour une durée illimitée. Cet arrêt de travail dans des centaines de milieux aura des impacts importants et immédiats qui forceront l’État à reconnaître la valeur du travail des stagiaires.»

La GGI n’est cependant pas effective dès qu’un mandat en ce sens est adopté. Pour coordonner l’entrée en GGI et s’assurer qu’aucune association ou région ne fait cavalière seule, un plancher de grève est fixé dans le mandat. Dans le cas qui nous concerne, le plancher discuté et adopté dans les plans d’action est de 20 000 étudiant.es en grève dans 3 régions administratives. Dans un court délai suite à l’atteinte du plancher, une assemblée générale de déclenchement de grève doit être tenue pour déterminer le moment exact d’entrée en GGI. Par ailleurs, si une GGI a une durée indéterminée, elle doit toutefois nécessairement être reconduite par les étudiant.es dans un intervalle donné, généralement une semaine. Cela implique la tenue régulière d’assemblées générales, afin de discuter du déroulement de la grève, coordonner les actions à venir et valider l’atteinte des objectifs déterminés par la grève.

Dans le passé, le mouvement étudiant a systématiquement exclu les stages des mandats de grève. Pourtant, à l’automne 2016, les doctorant.es en psychologie ont démontré la pertinence de la grève des stages comme moyen de pression. Leur lutte a mené à une compensation financière pour leur internat et elle a ouvert la voie pour tou.tes les étudiant.es ayant des stages non rémunérés.

La grève des stages est un moyen de pression complexe puisque les stagiaires sont souvent isolé.es les un.es des autres dans différents milieux. Il peut ainsi être difficile d’annoncer la grève à son milieu de stage ou de faire face à un.e superviseur.e hostile aux revendications. Les stratégies à mettre en oeuvre doivent donc permettre d’assurer une défense collective. Expérimentées en novembre dernier, la signature collective d’un avis de grève et une tournée des milieux de stages durant la grève se sont avérées être des actions permettant de rendre effective la grève des stages. La création de comités de soutien aux stagiaires est également à envisager. En prévision de la grève, la sensibilisation des milieux de stages et des syndicats est aussi essentiel afin qu’ils prennent position en faveur du respect des mandats de grève des stagiaires et qu’ils soient solidaires de la lutte pour la rémunération des stages. La grève des stages a très peu de précédents et il faudra faire preuve d’imagination et de solidarité dans nos moyens d’action!

Pour s’inspirer un peu…

  • Un exemple de mandat de grève générale illimitée est disponible ici.
  • Pour un exemple d’avis de grève envoyé aux directions de programmes et à l’administration, c’est ici.
  • Plusieurs exemples de propositions d’appui pour les milieux de stages se trouvent dans la liste d’appuis, ou encore, dans le tract «Nous sommes collègues»