Grève générale illimitée
Hiver 2019
À l’automne dernier, en assemblée générale, de nombreuses associations étudiantes ont adopté un plan d’action lançant un ultimatum au gouvernement afin de mettre en place un programme de rémunération de l’ensemble des stages, dans tous les programmes et à tous les niveaux d’étude, soit dans les universités, dans les cégeps et dans les écoles de formation professionnelle. À défaut de voir cette revendication réalisée, le plan d’action prévoit une escalade des moyens de pression pouvant mener à la grève générale illimitée (GGI) des cours et des stages à l’hiver 2019, déclenchée dès que 20 000 étudiant.es réparti.es dans trois régions administratives en auront le mandat. Nous sommes rendu.es à l’organisation de cette GGI!
En effet, la campagne pour la rémunération de tous les stages a maintenant cours depuis près de trois ans sur plusieurs campus de différentes régions. Ainsi, les conférences, les ateliers-discussions, les actions de visibilité, les lettres ouvertes et les textes de réflexion se sont multipliés au sujet des stages non rémunérés. De plus, aux sessions d’automne 2017 et d’hiver 2018, des associations étudiantes ont tenues jusqu’à quatre journées ponctuelles de grève des cours et des stages. Pour accentuer la pression sur le gouvernement, 58 000 d’étudiant.es et stagiaires de sept régions étaient en grève durant la semaine du 19 novembre dernier, ce qui a permis d’imposer la rémunération des stages comme un enjeu incontournable et central au mouvement étudiant.
La réaction du ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur ne s’est pas fait attendre. Dès la première journée de la semaine de grève, Jean-François Roberge, invitait à «ne pas enfoncer des portes ouvertes» puisque son ministère s’affaire à documenter la situation des stages. Pendant ce temps, le gouvernement rémunère plusieurs stages du domaine privé à coup de subventions ou de crédits d’impôts importants, stages qui, rappelons-le, sont majoritairement et traditionnellement occupés par des hommes. On nous demande donc de laisser le gouvernement faire son travail alors qu’il est le plus important employeur de stagiaires non-rémunéré.es. On peut d’autant plus s’inquiéter de son ignorance des tâches prises en charge chaque jour par des stagiaires qui travaillent en son sein. Si le gouvernement a besoin de temps, on l’appelle à suspendre tous les stages à l’hiver tant que la question n’est pas réglée. Ce que le ministre doit comprendre, c’est que nous ne travaillerons plus gratuitement, puisque tout, même l’annulation des stages, nous semble plus souhaitable qu’une autre session d’exploitation, d’épuisement, de harcèlement et d’endettement.
Ce que le gouvernement propose ne répond d’aucune manière à la revendication portée par les étudiant.es et stagiaires organisé.es. Alors que nous exigeons un salaire pour les stagiaires, le ministre et ses représentant.es parlent plutôt d’une compensation, tout en prétendant que l’un et l’autre sont des synonymes. Lorsque nous insistons sur le fait que tous les stages doivent être rémunérés, on nous rétorque qu’il est nécessaire de catégoriser les stages, laissant ainsi présager une division non seulement entre les stages, mais aussi entre les domaines et les niveaux d’étude.
Le gouvernement redoute la grève des stages puisque le travail des stagiaires est essentiel et son arrêt démontre son ampleur. On ne saurait se contenter de quelques promesses insuffisantes. Organisé.es et solidaires, nous serons en mesure de faire face aux discours complaisants de l’État et aux discours menaçants des établissements scolaires, qui visent tous à diviser et décourager les stagiaires de lutter pour une juste reconnaissance de leur travail.